Depuis l’époque coloniale, plusieurs observateurs étrangers ou africains ont produit plusieurs œuvres sur le peuple Beti ou Pahouin en général, dont sont tirés les caractéristiques de la société Beti ici résumées.
Le peuple Beti se retrouve aujourd’hui en Afrique centrale : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée-équatoriale et même en République de Sao Tomé. Les observateurs et autres chercheurs désignent souvent les Beti par différentes appellations : Pahouins, Beti, Fang-Beti-Bulu. Cependant, Beti est le nom le plus couramment utilisé par les membres du groupe eux-mêmes, du côté du Cameroun notamment et principalement dans le centre (Yaoundé et ses environs) et Sud ( Sangmélima, Ebolowa).
Ce sont des descendants de Bantous. Mais, l’orgine des Beti est complexe à définir. Plus communément admise est l’origine donnée par la tradition orale. Pour les Beti, Nanga serait leur ancêtre d’origine bantou. Il aurait eu des descendants : Kolo Beti, Eton Beti, Mvele Beti, Mvan Beti, Meka Beti Bulu, la seule fille, et Ntémé, le dernier-né. Aujourd’hui, les principales tribus beti sont les Eton, les Ewondo, les Bulu, les Manguissa, les Ntémé et les Mvele, plus proches des Bulu que des Eton et des Ewondo. A l’origine tous les Beti parlaient une langue appeleé ati. Arrivés à Yaoundé, ils se sont dispersés, certains Eton se retrouvaient à Nkometou(une région de Yaoundé).Leurs migrations avaient pour buts de rechercher des terres riches pour l’agriculture, et se rapprocher des régions dans lesquelles il y avait du sel, lequel était devenu beaucoup plus disponible avec la colonisation. C’est dans cette optique que les Eton se dirigèrent notamment vers Douala et là ils se heurtèrent aux Bassas qui vivaient de ce côté du pays. Certaines régions ont des noms de guerre à cause de ces rencontres sanglantes, dont Enongal (coup de fusil).
Quelques fondements de l’identité culturelle Beti
Au-delà du territoire habité, les Beti se caractérisent par une unité linguistique, une organisation sociopolitique et des valeurs économiques communes.
Le nom d’un individu chez les Beti est très important. Il est composé en premier du patronyme, en second du nom du père (ou de la mère dans les foyers polygames), et enfin du nom d’appel, tiré de la nature . Les Beti ont été de grands guerriers, et en ont gardé un sentiment développé de noblesse. Les beti sont traditionnellemnt sédentaires, agriculteurs, et forgerons.
L’unité linguistique
L’ethnie Beti-Bulu-Fang a une langue commune malgré la diversité des dialectes. En effet, les parlers Fang, Beti et Bulu constituent à vrai dire une seule et même langue. Comme l’on fait remarquer tous les linguistes, les différences entre eux tiennent à de légères spécificités de vocabulaire, mais surtout à la prononciation. La syntaxe est pratiquement identique d’un dialecte à l’autre, et les différences grammaticales sont négligeables. De la sorte, l’inter-communication entre Fang, Beti et Bulu n’a jamais posé de problème. Cette unité linguistique montre que les peuples Beti peuvent avoir en commun une vision du monde.
L’organisation politique et sociale.
La structure sociale et politique chez les Fang ou Beti, se caractérise par trois éléments essentiels : la liberté, la parenté et l’absence d’une organisation politique centralisée.
Les instruments de musique, traditionnellement, sont le tam-tam, le balafon, le Mvet. Les beti ne ont été de grands forgerons, ils ne travaillaient donc pas beaucoup le bois.
Le rite de la purification, appelé tsogo chez les Eton, Tso chez les Ewondo, et Esobino chez les Fang que l’on pratique publiquement pour se laver d’une faute morale, afin d’ éloigner de soi, la maladie ou la punition des ancêtres.
Le mariage selon la tradition est très codifiée. Aujourd’hui, il est pratiqué avant le mariage civil et le mariage religieux. L’union n’est pas valide tant que le mariage coutumier n’a pas été fait. Après maintes discussions trainant de long en large, et visant à éprouver la patience du futur marié le marié se verra contraint de subir des épreuves prouvant sa maturité, son intelligence, son courage, tel manger une papaye verte. De même en sa faveur joue l’éloquence de la délégation familiale qui l’accompagne, afin d’amadouer la famille de la mariée. Le troc était institutionnalisé dans le cadre des alliances matrimoniales qui étaient l’occasion d’échanges de biens. Ces échanges duraient toute la vie, et ils étaient effectués à l’occasion de mariages exogamiques.
Une autre coutume, appelée Isani chez les Eton, est celle d’une danse spéciale, pratiquée uniquement par les petits-enfants et arrières petits-enfants d’un patriarche le jour de son décès.
Avant l’arrivée des Européens, des croyances animistes existaient en un dieu dit Ntodobe. Les religions chrétiennes arrivent en fin du XIXe siècle et les colons contribuent à la fin de ces croyances.. L’expansion de l’Islam s’étant arrêtée au Nord du Cameroun, les missionnaires européens ayant précédé ou accompagnant les colons ont pu christianiser les Béti. Les Béti sont donc actuellement catholiques ou protestants.
La liberté : Chez les Beti tous les Hommes sont égaux. Le mot «Beti» est traduit en français par les seigneurs, les nobles, ou les hommes libres et selon Henri Ngoa, “les Beti sont des hommes « libres » et capables de se défendre par leurs propres moyens”. L’espace Beti est donc un espace de liberté à grande tendance égalitaire où les groupes sociaux sont établis en fonction de la parenté.
La parenté : Les seules structures que l’on trouve en pays Beti sont la famille étendue, le lignage et la tribu. Ces trois structures correspondent respectivement au ndabot, au mvog (chez les Beti) ou esa (chez les Fang) et à l’ayon. Toutefois, le Mvog reste l’unité fondamentale de toute l’organisation sociale. La structure sociale dominante de la société Beti est donc une structure par patri-lignage emboîté.
En effet, selon Laburthe-Tolra, dans son acception sociale, le mot «mvog» « désignera l’ensemble des descendants de l’homme fondateur ou de la femme fondatrice…Le mvog pourra alors se traduire par «lignage», à condition qu’on comprenne bien qu’il s’agit toujours de patrilignage, même si l’éponyme est une femme. Tout géniteur fonde de ce fait un lignage, un mvog, ou si l’on préfère, tout segment de lignage est le point de départ d’un nouveau mvog qui s’emboîte dans le précédent, chaque enfant appartenant à la fois au mvog de son père, à celui de son grand-père paternel, à celui de son arrière grand-père et ainsi de suite, en ligne agnatique. ».
C’est donc le «mvog » ou «l’esa », structure sociale fondamentale de Beti, qui joue le rôle essentiel dans les règles de mariage et de solidarité sociale. C’est à travers le Mvog que s’organise la vie politico-militaire, économique et religieuse.
L’absence d’une organisation politique centralisée
Chez les Beti, la prééminence est «basée sur la filiation », et déterminée par la séniorité. La préséance est donc reconnue à l’aînesse (Ntol). Mais bien que la séniorité crée l’autorité d’une manière automatique, cette dernière est limitée, souvent menacée par le principe qui veut que «le plus capable» soit le plus influent. Et souvent aussi, l’autorité dont bénéficie l’aîné paraît soumise à un contrôle efficace. Ainsi, ce n’est que lorsque son équité et l’efficacité de son pouvoir d’exécution étaient reconnus que le Nyàmoro (l’ainé) devenait chef dans sa zone d’influence. Au cas où le pouvoir n’est pas basé sur la séniorité, ou alors si l’aîné est incapable de gouverner, d’autres éléments peuvent conférer le statut de leader dans la société Beti à tendance égalitaire.
D’abord pour s’imposer comme Chef, le physique était nécessaire par le passé, mais celui-ci n’était toutefois ni obligatoire ni suffisant;
Ensuite le don de la parole et l’éloquence sont d’autres qualités que doit réunir un individu pour prétendre au leadership en pays Beti. L’art de «gouverner » est pour l’essentiel le maniement du langage, car le don oratoire permet sans aucun doute de posséder son auditoire.
À ces premières caractéristiques du pouvoir vont s’ajouter deux autres importantes à savoir : le courage (ayog) et la générosité (akàb). La générosité du chef de lignage chez les Beti apparaît sans aucun doute la qualité la plus importante.
Ainsi, le chef est, chez les anciens Beti, celui dont la communauté attendait les plus éminents services. En effet, le chef chez les Beti doit se montrer akàb ; mot à mot « Partageur » de (Kàb : partager), qualité souvent associée au mot mgba ; (sociable, affable). La richesse qu’il a acquise, il doit la redistribuer, et d’abord à ses descendants ; mais aussi, bien qu’il ne soit lié là par aucune obligation définie, on s’attend à ce qu’il fasse profiter ses pères, ses frères, ses voisins, voire l’étranger de passage à qui il donnera une large hospitalité. Il est le premier du pays, celui chez qui on est sûr de trouver toujours à manger, et vont profiter à plus forte raison de sa richesse ceux envers qui il a des devoirs précis : beaux-parents et neveux par exemple.
Dans ces circonstances, la société Beti ne peut que valoriser à l’extrême l’homme capable de réunir en lui toutes ces qualités et d’influencer suffisamment les innombrables chefs indépendants pour les orienter vers les objectifs communs. Le pouvoir chez les Beti est donc d’abord personnalisé. Le chef dans cette société doit être un «mfan mot», «vrai homme», un ntomba « homme distingué », et un nkukuma « homme vraiment riche ».
La société Beti, par ce jeu de force plus ou moins antagoniste, variable en intensité selon les conjonctures, est préservée à l’encontre de toute concentration excessive de pouvoir ; cela explique qu’elle n’ait pas permis, malgré son caractère de société militaire conquérante, l’apparition d’une féodalité au moins rudimentaire. Le pouvoir, rigoureusement contrôlé ne s’est organisé qu’au niveau des unités réduites -village ou groupes de villages parents ou voisins».
Au regard des éléments ci-dessus présentés, on peut dire que le leadership dans le contexte Beti-Fang peut s’accommoder du modèle paternaliste du “père protecteur” où le pouvoir est au service de ceux sur qui il s’exerce : pouvoir altéro-centré et où il y a recherche d’un échange équilibré.
La rationalité économique chez les Beti
Les aspects principaux de la rationalité économique chez les Beti sont :
La considération de la richesse : la richesse en pays Beti n’est pas considérée comme un but mais comme un moyen d’exprimer un pouvoir direct ou indirect (prestige) sur les hommes»;
L’ignorance de la notion de marché : à cet effet il y avait chez les anciens Beti une certaine ignorance des marchés. Les mots Beti qui en sont des équivalents (par exemple « Bilabi ») signifient «visite ostentatoire», «échange», etc. et le plus courant est le pidgin « mâkit » (market);
La nature sociale des échanges : les échanges dans cette société dépendent des lois «anéconomiques», de nature purement sociale, et plus exactement politique, en relation avec l’acquisition et la conservation du pouvoir. La richesse qui fait le chef n’est pas pour lui, mais pour le groupe;
Le souci de l’apparence : la présence du «grand riche» exprime donc la réussite totale du groupe qu’il incarne, et qui se reconnaît en lui, dans une «économie de parade» dont les spectateurs se satisfont par participation;
Les relations d’échange personnalisées : la relation d’échange reste toujours profondément «personnalisée» en pays Beti, d’où la difficulté d’y instaurer une vie économique selon le libéralisme moderne. Ici, les choses économiques sont fortement liées à la personne; un échec est donc une mise en question de tout l’être. Préférer les légumes vendus ici à ceux qui sont vendus là, c’est préférer cette vendeuse-ci à celle-là ; c’est porter sur celle-là un jugement péjoratif, manquer de confiance en elle, peut-être la soupçonner d’avoir ensorcelé ses produits… Il n’y a pas de relation simplement économique, pas plus qu’il n’y a de relations simplement familiales ou religieuses : toutes les relations sont totales…
Gastronomie
Vers 1917, le cacao, le café, le manioc et le maïs sont introduits par les colons et cela modifie profondément l’organisation du travail tout comme l’écosystème, puisque les hommes qui se consacraient à la culture de l’igname devaient laisser cela pour les cultures de rente aux fins d’impôt de colonisation. Alors qu’avant, cueillette et ramassage, agriculture sur brûlis, jachère, piégeage permettaient d’assurer la subsistance, désormais, cacao et café occupèrent les hommes, jusqu’à présent. Dans le cadre de l’économie de marché, cela permet de payer un certain nombre de choses nécessaires dans la vie quotidienne. La femme et la terre sont liées dans la culture beti. Aussi, maïs et arachide sont cultivés par les femmes.
La poterie est aussi l’apanage des femmes, de même que la pêche à l’écope appelée alog. Dans le cadre de l’alog, elles allaient chercher du poisson en saison sèche alors que les hommes pratiquaient du piégeage. Avec l’arrivée de la colonisation, l’arme à feu est introduite et elle vient supplanter l’arc et la flèche. Au niveau des échanges, alors qu’auparavant, c’était le troc qui permettait de se pourvoir en denrées et objets non disponibles, avec la colonisation qui a banni le bilabi, le marché est institué.
Le plat typique des Beti est l’Okok généralement accompagné de tubercules. L’okok est fait à base de feuilles Gnetum decoupées très finement, bouillies avec du beurre de cacahuètes et du jus de noix de palme. Un autre plat typique est le Kpem, fait à base de feuille de manioc, de beurre de cacahuètes. Une autre manière de consommer le kpem est de remplacer le beurre de cacahuètes par du jus de noix de palme, dans ce cas, on dit Kpem Isouk. Un autre plat typique appelé Sangha chez les Ewondo et Sangla chez les Eton est préparé à base d’épinards, de maïs et de jus de noix de palme.Le manioc constitue l’aliment de base de la gastronomie beti. Il est consommé sous toutes ses formes: feuilles, tubercule bouilli, farine pour en faire des beignets ou du couscous. Les noix de palme, les cacahuètes font partie de l’alimentation de base. Traditionnellement, on mange peu de viande, et encore moins du poisson, étant donné la situation du pays beti à l’intérieur des terres. La banane plantain, le macabo(plante de la famille du manioc dont on consomme les jeunes feuilles, et les tubercules), les ignames, le mais, le safou, des comi (petites noix rondes ressemblant aux amandes), les goyaves, papayes, avocats ainsi que énormément d’autres plantes et fruits font partie de l’alimentation des beti. Bien sur, elle a été enrichie par les plantes importées d’Amérique et par les contacts entre ethnies et tribus voisines. Et plusieurs plats tendent à disparaitre. On trouve comme boisson, le vin de palme, et le vin de bambou, ainsi que l’Odontol une liqueur fabriquée à partir de mais, et de vin de palme. Toutes ces boissons ne sont évidemment pas spécifiques aux Beti, ce sont simplement des produits du terroir.
Sources
http://jedafcablog.solidairesdumonde.org/archive/2009/06/01/le-peuple-beti-du-cameroun.html
Apprendre plus sur les Béti
www.betibenanga.com
24 commentaires
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Bonjour mon homonyme. C’est super de lire tous ces trucs sur mon peuple (je suis fang du Gabon). J’etais venue voir tes nouvelles recettes et quelle surprise j’ai eue en voyant cet article. Chez nous on dit “Abora” pour votre “Akiba” 🙂
alors Abora pour ton passage homo 😉
Abui Ngang pour cet excellent article sur les Beti. Je suis tombée dessus par hasard.
au plaisir
Cool merci pour la culture. Ça fait du bien de savoir qui on est. Ça remet les choses en perspective
au plaisir :p